© Fred Hedin
Les touristes sont nombreux à se promener Cours des Dames en ce dimanche de juillet, profitant du soleil et de l’air de la mer. A quai, le passeur des Minimes décharge ses passagers tandis que l’Inter-îles attend ceux qui souhaitent voir Ford Boyard ou visiter l’île d’Aix, situés tous deux à quelques encablures de La Rochelle. Juste en face, les stands des créateurs artisanaux proposent des articles en cuir, des bijoux faits mains ou encore des poteries. A côté de Paolo et de ses toiles, l’espace est réservé au spectacle de caniches. Les badauds sont agglutinés autour de ces horribles chiens au poil court et à la queue en forme de pompon qui, à force d’entraînement, réalisent des prouesses sous les ordres de leur maître. Quand viendra le moment de mettre de l’argent dans le chapeau en guise de remerciements, ce dernier n’hésitera pas à se montrer désagréable avec ceux qui ne sont pas assez généreux à son goût. Mais cela, les vacanciers ne le savent pas encore. Pour l’instant, tous les regards sont tournés vers Filou qui fait le beau pour recevoir sa récompense. Personne ne fait donc attention à Paolo. Le peintre en profite pour rêvasser. Où habitent les hommes et les femmes sur lesquels son regard se pose ? Quelle est leur profession ? Qu’est-ce qui les anime ? Quels sont leurs grands et leurs petits secrets ?
Trop petite pour voir les canidés par dessus les épaules des grands, une fillette aux moustaches en chocolat, vêtue d’une jolie robe à fleurs et coiffée de tresses, tourne le regard vers les tableaux. Des bateaux, le poste de secours de la plage, un goéland, des poissons multicolores : des formes géométriques, toujours simples. On dirait presque des dessins d’enfants. Et ce bleu qui occupe la grande majorité de l’espace. Identique d’une toile à l’autre, lumineux, éclatant.
-Monsieur, pourquoi tous tes tableaux ils sont bleus ?
Ce n’est pas la première fois qu’on lui pose cette question. Pourtant, Paolo peine toujours à y répondre. La peur de se dévoiler sans doute… Dans ce bleu, nul obstacle. L’homme s’évade à l’infini. Tout le champ des possibles est là, à portée de mains. Le tableau n’est plus un tableau mais une immensité dans laquelle se plonge son regard. De multiples vies sont alors envisageables. Il n’y à qu’à choisir, à expérimenter, à changer si l’envie s’en fait sentir. Paolo n’a pas besoin de plus pour être heureux.
C’était ma participation à l’atelier d’écriture de Leiloona.
Quel beau texte ! J’ai voyagé, rêvé et en ce lundi matin tout gris, c’est pas rien ! Merci merci <3
Ton commentaire me réchauffe le cœur. Mon lundi matin est tout pourri aussi. Je retournerais bien sous la couette…
Le dernier paragraphe est très beau. Tes phrases sont plus courtes et donnent une couleur à la liberté : le bleu.
Pourtant, c’est celui sur lequel j’ai le plus peiné et dont je suis la moins satisfaite. Je ne suis peut être pas très objective…
Quelle excellente idée ! Bravo pour ce beau texte lumineux 🙂
J’avais envie/besoin d’écrire quelque chose de simple et d’optimiste. Merci pour ce commentaire qui me touche beaucoup Estelle.
se perdre dans le bleu du ciel et y trouver du réconfort, c’est joli (et je peux m’y reconnaître ;-))
Alors c’est tant mieux ! On peut se perdre dans le bleu ou dans plein d’autres choses.
Quel plaisir de se laisser flotter quelques minutes dans ton texte ! J’ai eu l’impression de partager avec tes personnages un petit moment de vacances. Merci
Merci pour ce commentaire qui me fait plaisir.
Ton texte a su me transporter. J’y étais moi aussi presque à côté de ce peintre. 😉
C’est génial ça ! Merci !
Je rejoins Albertine, le dernier paragraphe est très beau. J’aime l’idée aussi de l’enfant qui avec sa question innocente touche au coeur de la vérité.
Merci Virginie. C’est toujours agréable d’avoir un retour sur son texte.
Heureux l’homme qui se contente de peu … la clé du bonheur.
Texte lumineux et évocateur ! ♥
Oui, voilà, c’est exactement ça !