Antoine et Tony n’ont rien prémédité. Ils se retrouvent un lundi matin au pied de leur immeuble, cachent leurs sacs de cours dans un buisson du parc voisin et partent en courant pour voir qui est le plus rapide des deux. Après tout, rater une heure d’histoire géographie ce n’est pas si grave. Comme ils sont plutôt bons élèves, ils ne devraient pas avoir trop de problème. Antoine imitera la signature de son père et Tony montrera sans doute son billet d’absence à ses parents. Ainsi, l’affaire sera réglée.
Vêtus d’un jogging et chaussés de baskets, les deux garçons avancent dans cette banlieue grise que rien ne distingue d’une autre. Les zones commerciales, les grands parkings, les enseignes publicitaires, les voitures qui défilent sur les routes, c’est triste mais Antoine et Tony s’en moquent. Les muscles tendus, le souffle court, ils mettent un pied devant l’autre et enchaînent les kilomètres. C’est si bon de se sentir libre, d’être éloigné des coups de ce père violent pour l’un et de cette menace d’expulsion du territoire français pour l’autre qu’ils continuent leur course, s’arrêtant seulement pour manger, se reposer ou dormir. Jusqu’où iront-ils ?
Aussi loin que possible est une véritable ode à la vie et à l’espoir. Les deux garçons sont des amis de longue date. Ils n’ont pas besoin de se parler pour se comprendre et se confient peu sur leurs problèmes personnels mais ils sont solidaires. Antoine vit sous les menaces d’un père tyrannique. Sa mère, passive, laisse faire. Tony est d’origine ukrainienne et sa famille, qui vit depuis longtemps en France, est bien intégrée. La solidarité leur a permis d’éviter l’expulsion mais son père a perdu son travail et cette fois-ci l’espoir est compromis. Tout ceci est bien trop lourd à porter pour de jeunes collégiens.
A travers une écriture maîtrisée, Éric Pessan rend compte de cette tension qui se libère au fil des kilomètres et de la vie qui reprend le dessus. Une bien jolie pépite !
PESSAN, Eric, Aussi loin que possible, L’école des loisirs, 2016.
Une ode à la vie, oui. Et un superbe roman jeunesse !
Je ne manquerai pas de le conseiller à mes élèves l’année prochaine !
Beaucoup aimé aussi! Et le style d’Eric Pessan, qui sait dire tant en si peu de mots…
Oui, son style colle vraiment au rythme de la course à pied et aux émotions des personnages. C’est vraiment de la belle littérature de jeunesse !
Une pépite oui, j’ai beaucoup aimé !
Cela ne m’étonne pas !
Un auteur très doué, ses autres romans -moins ciblés jeunesse- sont excellent aussi
Je l’ai découvert avec ce titre. Je vais me pencher sur sa bibliographie du coup !
Je ne savais pas qu’Eric Pessan avait écrit des livres jeunesse… Je le connais surtout en tant qu’interviewer lors de rencontres littéraires. Voilà qui est intéressant.
Et bien moi je ne savais qu’il faisait des interviews dans les rencontres littéraires !
Un roman jeunesse pour quel âge selon toi ?
Je pense qu’un lecteur mature de fin de sixième peut tout à fait l’apprécier. De toute façon, c’est niveau collège ou début de lycée pro.