Alors qu’elle attend, seule, dans la partie réservée à la procréation médicalement assistée de l’hôpital Cochin à Paris, Kimiâ repense à son pays d’origine, l’Iran. Là-bas, cette salle d’attente ressemblerait à un joyeux foutoir dans lequel tout le monde se parlerait. On n’hésiterait pas à manger ou à raconter sa vie à un inconnu. Grâce à des allers-retours entre passé et présent, Kimiâ revient sur son histoire familiale, permettant ainsi au lecteur de comprendre qui elle est et comment elle s’est construite.
Roman foisonnant, Désorientale brosse le portrait de trois générations de Sadr, un famille iranienne comme tant d’autres. Les ancêtres aux yeux bleus qui, pour certains, ont aussi connu l’exil. Les parents, intellectuels engagés politiquement contre le shah puis l’Ayatollah Khomeiny. Et Kimiâ, cette jeune femme qui s’est toujours sentie différente.
A l’âge de dix ans, Kimiâ fuit l’Iran clandestinement avec sa mère et ses sœurs pour rejoindre son père, déjà exilé en France. A son arrivée dans le pays des droits de l’Homme, sa déception est de taille. Et le danger de mort est encore malheureusement bien présent. Kimiâ choisit de s’éloigner de sa culture pour devenir elle-même, non sans difficultés. Elle travaille dans des bars, dort dans des squats, libère ses démons grâce à la musique. Et donne des nouvelles à sa famille quand elle en a envie.
Alors qu’elle s’apprête à devenir maman, elle éprouve cependant le besoin de revenir sur ses origines. Qu’elle le veuille ou non, cette grand-mère maternelle qui lit son avenir à sa naissance dans le marc de café, cet ancêtre paternel qui possédait cinquante-deux épouses, ces nombreux oncles qui imposent leurs décisions aux autres membres de la famille, font partie de sa propre histoire. Et ce au même titre que ce père qui se bat pour la liberté de son peuple, n’hésitant pas à mettre sa vie -et celle des siens- en péril.
Il est difficile de résumer Désorientale tant les digressions sont nombreuses et foisonnantes, à l’image de cette culture si éloignée de la nôtre mais si passionnante. A travers ce travail sur la mémoire et l’identité, Négar Djavadi rend ici un bel hommage à son pays d’origine et à ses habitants. Elle montre également à quel point l’exil est compliqué.
L’écriture est belle, fluide. Le roman prend parfois des allures de conte. On se croirait presque dans les Milles et une nuits et on se verrait bien écouter les épisodes de cette saga familiale le soir au coin du feu. Quel bonheur !
DJAVADI, Négar, Désorientale, Liana Lévi, 2016.
Un de mes coups de coeur de la rentrée !
Pour moi aussi avec Le garçon de Marcus Malte.
Les avis sont assez partagés sur ce roman, je verrai si je le vois en bibli.
Ah oui ? Je n’ai pas beaucoup lu de citriques parce que je ne voulais pas que mon avis soit influencé.
Il circule dans mon club de lecture. J’ai hâte de le lire….
J’espère qu’il te plaira autant qu’à moi !
Ton avis est le deuxième que je lis est il est à l’opposé du premier 🙂
Je verrai moi aussi si je le trouve à la bibliothèque.
Si tu ne le trouves pas, il ne te resteras plus qu’à faire une proposition d’achat !
J’ai lu ma première critique négative sur ce roman. IL était dans la pré-sélection du prix Elle mais il a été battu par le Slimani.
Je n’ai pas encore lu ‘Une chanson douce » mais comme je suis généralement fâchée avec le Goncourt, je doute qu’il me plaise !
J’ai lu aussi (je ne sais où) une critique négative. Mais ton billet me tente bien !
Si je t’ai donné envie, c’est tant mieux car le livre le mérite vraiment.
Il est foisonnant ce roman !
Oui, foisonnant et passionnant !
Il me tente depuis le début et pourtant il n’a toujours pas rejoint ma PAL ;0) Tu as su relancé l’envie :0) Je rajoute le lien de ton billet avec les autres et je le souligne sur ma LAL ;0) Bon dimanche
Oui, surligne et emprunte le ou achète le, il mérite vraiment d’être lu !!!!
Je m’étais dit que j’avais lu suffisamment de romans de cette rentrée littéraire et qu’il fallait que je m’arrête mais finalement, après avoir lu ton billet, je pense que ce roman ne sera pas de trop 😉
C’est un pavé mais il mérite vraiment d’être lu. Je l’ai justement prêté à une amie hier.