Gus habite aux Doges, un petit hameau perdu au fin fond des Cévennes. Depuis la mort de ses parents -un soulagement étant donné les relations qu’il entretenait avec eux- il vit seul avec Mars, son chien. Dans sa maison, le confort est rudimentaire mais Gus ne s’en plaint pas, il est habitué ainsi. C’est un homme qui se suffit de peu et ne se projette pas dans l’avenir. La traite des vaches, les travaux des champs, les réparations à droite et à gauche font partie de son quotidien.
De temps en temps, Gus se rend à l’épicerie du village au volant de son tracteur pour faire quelques courses. Mais, à part Abel, son voisin, il ne voit personne. Les deux hommes sont des taiseux. On sent qu’ils ne faut pas trop se frotter à eux. Ils habitent à quelques centaines de mètres l’un de l’autre et vivent chacun de leur côté. Ils s’entraident quand même quand il y a besoin et s’invitent pour boire des verres.
En cet hiver 2007, la neige transforme le paysage et la vie de Gus bascule. L’Abbé Pierre meurt, des cris aigus retentissent dans la forêt, des visiteurs inhabituels se rendent à la ferme. L’angoisse devient palpable et on sombre dans la noirceur la plus totale.
Des hommes comme Gus, j’en ai croisé quelques uns pendant mon enfance à la campagne. Le pantalon retenu par une ficelle de lieuse en guise de ceinture, les toilettes au fond du jardin, le tracteur comme seul moyen de transport. Et j’en passe… Bien souvent, cela s’accompagne d’une vie dure, très dure. Beaucoup de non-dits, de secrets, de colère enfouie et parfois de la haine. Les personnages du roman de Franck Bouysse font penser à ceux des photographies de Raymond Depardon. L’auteur les décrit ici avec justesse et le cadre dans lequel il les fait évoluer va de pair avec le tragique de leur destin.
Grossir le ciel est tellement noir qu’il fera fuir certains lecteurs. Personnellement, je l’ai beaucoup apprécié. L’auteur connaît bien et respecte les hommes dont il est question ici. Il donne la parole aux sans voix, magnifie leur vie de misère et leur rend un hommage que je ne suis pas prête d’oublier.
BOUYSSE, Franck, Grossir le ciel, Le livre de poche, 2018.
C’est le seul que j’ai lu de l’auteur jusqu’à présent et j’avais franchement aimé.
Je te conseille « Né d’aucune femme ». C’est d’une noirceur terrible mais il y a une force de vie incroyable.
Je l’ai lu après Né d’aucune femme, j’ai un souvenir d’avoir aimé même si je ne me souviens plus de la fin de l’histoire!
J’ai souvent cette tendance aussi à oublier le dénouement et ça m’énerve !!!!
C’est un romancier que je veux découvrir mais pas avec ce titre. Trop noir…
Je crois que tous les romans de cet auteur sont sombres.
J’ai beaucoup aimé sa plume dans Né d’aucune femme alors je le lirai peut-être un jour aussi !
C’est par ce titre que je l’ai découvert et je ne vais certainement pas m’arrêter là.
Deux titres de cet auteur sur ma PAL, faut que je m’y mettes ;0) Je te souhaite de très belles fêtes de fin d’année et t’envoie des bisous, à bientôt pour une nouvelle année de découvertes !!
Merci et belle année 2020 à toi et à tes proches.
J’ai aimé né d’aucune femme mais c’était tellement noir !! je ne sais pas si je me sens d’y retourner…
Il faut peut-être choisir le bon moment.
De ce que tu dis de ce roman, je déduis qu’il contient tout ce qui m’a plu dans « Né d’aucune femme ». Je vais certainement relire Bouysse cette année, peut-être avec ce titre…
Oui, les deux romans ont pas mal de points communs. Et l’auteur semble être quelqu’un d’intéressant.
j’ai lu Plateau il y a peu et il me semble que le contexte est le même, j’ai été un peu rebutée par l’écriture qui manque de simplicité selon moi. Non?
Non, je n’ai pas du tout eu cette impression concernant le style.
C’est mon Bouysse préféré !
Il faut que je regarde quels autres romans sont encore disponibles en poche.
C’est le premier que j’ai lu et mon préféré, par contre je n’ai pas encore lu Né d’aucune femme. J’aime beaucoup la personne pour l’avoir croisé plusieurs fois à des salons.
Ben je ne veux pas lire Né d’aucune femme car il y a des passages certainement trop durs pour moi. Celui-ci me tente plus, mais je me demande qui sont ces visiteurs qui font basculer l’histoire : des humains ou des animaux ??
Un de ces roman que l’on n’oublie pas, et un auteur toujours passionnant à lire.