Suite au décès de son père, Joaquim est contraint de retourner dans l’appartement familial de la rue Jeanne d’Arc, à Rouen. Cela fait 20 ans qu’il n’a pas mis les pieds dans la ville, 20 ans qu’il a coupé les ponts avec le dernier de ses parents. Dans le train qui le ramène vers son enfance, le quarantenaire se souvient de ce jour de Printemps 1993 où il a débarqué pour la première fois dans Sarajevo assiégé.
Le récit alterne présent et passé. Joaquim est aujourd’hui photographe de guerre. Entre deux reportages au bout du monde, il se pose dans son pied-à-terre parisien. Pas de femme, pas d’enfant, pas d’attaches. Surtout, ne pas prendre le risque de souffrir. Depuis la disparition de sa sœur, âgée alors de 16 ans, Joaquim défie la mort et entretient la mémoire, son appareil photo à la main. La première fois qu’il part sur le terrain, il découvre ce que c’est que d’éviter les tirs des snipers, de ne même plus sursauter au bruit des coups de fusil, de continuer à vivre envers et contre tout. Ainsi, le défilé de mode organisé dans la capitale bosniaque, aussi paradoxal qu’il puisse paraître, est le symbole de cet élan vital pour la population locale comme pour Joaquim. Symbole qui donne son nom à une chanson de U2 et au titre de ce roman.
L’écriture à la troisième personne instaure, même si le narrateur est omniscient, une distance qui fait que je n’ai pas réussi à apprécier pleinement le personnage de Joaquim. Il lui manque les tripes, ce qui est enfoui au plus profond de lui-même. Dommage car le ton est juste, délicat et on ne tombe jamais dans le pathos, ce qui aurait pu être le cas avec un tel sujet.
Miss Sarajevo est un roman qui explore les thèmes de la mémoire et de la famille. Comment vit-on avec un traumatisme ? Comment supporte t-on ce que l’on a voulu nous cacher ? Sur quoi repose l’équilibre personnel quand on connaît le pire ? Autant de questions qui m’intéressent mais je risque malheureusement d’oublier bien vite les réponses de Joaquim.
Les avis de Jérôme, Antigone, Noukette, Kathel, Alex, Karine et Sylire.
THOBOIS, Ingrid, Miss Sarajevo, Buchet Chastel, 2018.
Je ne suis pas très tentée et ce n’est pas ton billet qui va me faire changer d’avis 😉
Il ne manquait pas grand chose pour que je “rentre” dedans. Tant pis…
J’ai été beaucoup plus convaincue que toi.. 🙂
Oui, je sais, et tu n’es pas la seule! J’attendais donc beaucoup plus de ce roman.
Je n’ai pas été enthousiaste, je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages, et j’ai trouvé que le roman était trop lourdement chargé en drames…
Il y a quand même une note d’espoir à la fin qui laisse présager des jours meilleurs.
J’ai aimé beaucoup de choses dans ce roman et pourtant je ne ressors pas emballée pour autant…
Un peu comme moi alors ! J’ai hâte de lire ton avis.
Je confirme : on oublie vite Joachim.
C’est dommage car il y a des choses intéressantes dans ce roman.
JE l’ai vu pas mal de fois chroniqué mais toujours pas tentée ( surtout après avoir lu ton billet :-))
Oui, il fait partie des matchs de la rentrée littéraire proposés par Priceminister alors beaucoup de lecteurs l’ont lu.
Dommage… Perso je ne suis jamais objectif avec Ingrid Thobois, son écriture me charme, quel que soit le sujet qu’elle aborde.
Je découvre l’auteur avec ce titre. Je ferai certainement une autre tentative car il y a des choses intéressantes dans ce roman.
Quel dommage… J’aime tellement la langue d’Ingrid Thobois, une des plus belles à l’heure actuelle je trouve…!
Mais tu es une vraie fan !!!!