Dans ce court roman, l’auteur raconte son enfance au sein d’une famille de milieu populaire de la banlieue lyonnaise, dans les années 1970-1980. Un père violent et alcoolique. Une mère en retrait, accaparée par les multiples tâches de la vie quotidienne qui incombent à toute mère de famille à cette époque là.
Pour Eric, Sheila est une échappatoire. Il scrute chaque semaine le programme TV pour savoir si elle sera l’invitée d’une émission et espère à chacune de ses apparitions que son père ne changera pas de chaîne. Sheila étant considérée comme « une chanteuse à pédé », Eric comprend en grandissant qu’il faut qu’il taise son admiration. Enfant, il aime coiffer les poupées de sa soeur et rêve d’un déguisement de princesse pour Noël. Il se sent différent et apprend très vite à se protéger, que ce soit à l’école ou à la maison. D’ailleurs, il n’avouera jamais à son père son homosexualité. Il faut dire que ses railleries et celles de toutes la famille sont dissuasives…
Ce père qui déchire la garde robe de sa femme le jour où elle lui annonce qu’elle veut divorcer, la bat et n’hésite pas à pointer son fusil sur elle a tout pour hérisser le poil. C’est un pauvre type hanté par ses démons mais il semble qu’au fond, il aime tout de même ses enfants.
C’est un récit touchant que nous propose Eric Romand. Comment rester insensible face à ce petit garçon pour qui être poli est bien plus simple que de paraître viril dans un milieu où l’on exige de lui qu’il incarne le mâle ?
Bien que d’une génération plus jeune, j’ai retrouvé des réflexions entendues ici où là pendant mon enfance. Avoir un pyjama et des sous-vêtements en bon état en cas d’hospitalisation, je me souviens que c’était quelque chose qui se disait autrefois. Le minitel, le napperon, les magazines Salut et Podium, l’importance d’avoir des vitres propres et une maison impeccable surtout quand on reçoit du monde, c’est toute une époque !
Le style assez sec de l’auteur et la succession de courts paragraphes évoquant des souvenirs chaque fois différents convient parfaitement au propos. L’ensemble se lit très facilement et on regrette presque que le récit ne soit pas un peu plus long. A découvrir donc !
ROMAND, Eric, Mon père, ma mère, Sheila et moi, Stock,
Tu m’as fait rire avec la réflexion sur les sous-vêtements propres. Moi qui suis de la génération précédente, j’ai vécu en plein dedans ! (et j’ai des restes …). A l’occasion je prendrai ce roman à la bibliothèque.
Honnêtement, je ne m’attendais pas à apprécier autant ce roman. J’ai vraiment passé un bon moment en le lisant.
Je dirais bien comme Aifelle… Bref, à voir avec la bibli, tu m’as donné envie, là.
Alors, j’en suis ravie. Si ta bibli ne l’a pas, il ne te reste plus qu’à faire une suggestion d’achat.
Le style, la forme et le fond… ça devrait me plaire.
Je l’espère ! Ce livre mérite vraiment qu’on parle de lui.
Toute une époque, mais certains comportements masculins (et féminins) n’ont pas changé.
Les abrutis existeront toujours, n’est-ce pas ?
Ah oui, une découverte, et sans aucun doute un roman générationnel. J’avoue que j’ai un peu de mal avec ce type d’histoire de famille mais ton billet est un plaisir à lire. Je viens d’en noter un autre sur les années 60 en région lyonnaise, oups ^-^.
Merci pour le compliment . Ce soir, je vais certainement commencer « Des âmes simples » emprunté cette semaine après t’avoir lue.
Alors je croise les doigts… Belle lecture à toi.
ah ben oui, c’est ma génération aussi ! Je retiens le titre, j’aime ce genre de récit de temps à autre.
On est nées la même année je crois (ou c’est nos filles je ne sais plus…). L’avantage de ce roman est qu’il est vite lu et que l’on ne s’y ennuie pas un seul instant !
A priori pas trop tentée, mais je vais peut-être changer d’avis car il a l’air de beaucoup plaire.
Il faut lire d’autres critiques !
J’aime le titre et ce que tu dis de l’histoire (je pense être de sa génération, née en 73!). Si je le croise, pourquoi pas!
Quand je dis que je ne suis pas de la même génération, je ne suis pas si éloignée que cela mais les choses changent vite quand même (enfin sur certains points seulement).