Années 1970. Judith, dix-sept ans, entre à l’université et fait la rencontre d’Alain, un étudiant engagé politiquement, leader d’un groupe qui sa bat pour que des moyens décents soient accordés aux facultés. L’ombre d’un certain mois de mai plane encore sur la France…. La jeune fille tombe tout de suite sous le charme de cet homme et vit de véritables moments de bonheur avec lui.
Pourtant, régulièrement, ses démons l’assaillent. Judith appartient à une famille où le père, autoritaire et tyrannique, écrase tout le monde. Quand il rentre du travail, sa femme prend bien garde de ne pas l’énerver et de tout faire comme il le souhaite. Judith et sa soeur, elles, restent toujours dans le droit chemin. Aucune liberté, aucune place pour la réflexion personnelle. Et Judith ne se souvient plus ou à oublier mais son père a fait encore bien pire que cela….
L’entrée en fac, synonyme de chambre d’étudiant et donc d’indépendance, est une véritable bouffée d’oxygène pour la jeune femme. Aux côtés d’Alain, elle découvre l’engagement politique et construit sa propre pensée. Les deux amants partagent une passion pour la littérature et dévorent les grands auteurs. Petit à petit, Judith s’émancipe de sa famille et devient elle-même, même si le fond du lac n’est jamais très loin.
« apprendre c’est ouvrir la porte pour penser et […] c’est avec la pensée qu’on a une chance de vivre libre. » p. 86
Pas assez pour faire une femme raconte la transformation progressive d’une jeune fille en femme. Grâce à Alain, Judith grandit et entame un long chemin vers l’indépendance. Mais il en faut du temps avant de pouvoir accepter sa propre histoire familiale, d’aller de l’avant et de devenir soi-même.
Pour Judith, les livres sont des compagnons précieux au même titre que les Hommes. La dévoreuse de livres que je suis ne pouvait pas rester insensible à ces deux extraits :
« Et quand j’ai encore passé une salle nuit, je sais que si je prends un livre dès le réveil, ça ira mieux. Dans la lecture, je vais partir loin de ce qui me poursuit et qui n’a pas de visage. » p.22
« Si je me réveille la nuit, je sais que je peux replonger dans la lecture et que le soleil va me cueillir à nouveau, embarquée loin dans l’écriture d’autres que moi et parfois ramenée si près de moi que j’en suis boulversée, comme si le livre n’était que pour moi. Je ne sais pas comment font les auteurs pour arriver à ça mais c’est magnifique. » p.42
Quant à l’écriture de Jeanne Benameur, elle est encore une fois toute en retenue, en non-dit et en sensibilité. L’auteur nous livre ici un texte d’une force incroyable qu’il faut mettre entre toutes les mains, et particulièrement celles des jeunes filles qui ne se rendent pas toujours compte de l’importance de la liberté et de l’indépendance. Pas assez pour faire une femme est un roman qui fait réfléchir et fera échos chez bon nombre de femmes, c’est certain.
BENAMEUR, Jeanne, Pas assez pour faire une femme, Éditions Thierry Magnier, 2013.
Je l’ai déjà noté, le thème m’intéresse beaucoup et l’écriture de Jeanne Benameur ne m’a jamais déçue.
Oui, moi aussi c’est un thème qui m’intéresse. En tant que femme, je me
sens concernée.
Il faut que je le lise (et que je le fasse lire à mes filles !)
Je n’ai pas accroché avec cette jeune fille mais adoré l’écriture comme à chaque fois
C’est un texte magnifique !
J’ai adoré…! Mais, mais, mais… que vois-je…? Tu n’es pas inscrite au challenge Benameur…? Rhoooooooooo !
Un livre que j’ai adoré et qui m’a permis de découvrir enfin Jeanne Benameur.
j’abdique..
J’ai beaucoup aimé aussi même si, contrairement à toi, je place « Les demeurées » bien haut dessus de ce roman.
J’aime bien la plume de l’auteure. Je le note.
Il faut que je le lise ! Dans ma PAL, Les demeurées que je n’ai pas encore sortie !!