Gabriel vit confortablement dans un quartier d’expatriés de Bujumbura, la capitale du Burundi, avec sa mère, une rwandaise d’origine tutsi, son père, un français installé dans le pays depuis longtemps et sa petite sœur Ana. Le jeune garçon passe son temps à traîner avec sa bande de copains. Ils se réunissent dans un combi Volkswagen échoué sur un terrain vague ou volent des mangues dans les jardins. A la maison, les domestiques lui servent les petits plats qu’il aime bien et font partie de son quotidien. C’est le temps des bêtises et de l’insouciance.
Mais petit à petit, Gaby tend l’oreille et s’intéresse aux conversations des adultes. Il entend des bribes, ne comprend pas tout mais se pose des questions. Quand ses parents se séparent, il perd un peu de son insouciance, gardant tout de même au fond de lui l’espoir de les voir à nouveau réunis.
Plus tard, les tensions entre les hutus et les tutsis gagnent du terrain et la guerre éclate au Rwanda voisin puis au Burundi. La mère de Gabriel, qui n’a plus de nouvelles de sa famille, décide de se rendre sur place. A son retour, elle n’est plus la même. Gabriel est obligé d’ouvrir les yeux. Il doit choisir son camp comme le lui demandent ses copains depuis longtemps.
« Cet après-midi là, pour la première fois de ma vie, je suis entré dans la réalité profonde de ce pays. J’ai découvert l’antagonisme hutu et tutsi, infranchissable ligne de démarcation qui obligeait chacun à être d’un camp ou d’un autre. Ce camp, tel un prénom qu’on attribue à un enfant, on naissait avec, et il nous poursuivait à jamais. Hutu ou tutsi. C’était soit l’un soit l’autre. Pile ou face. Comme un aveugle qui recouvre la vue, j’ai alors commencé à comprendre les gestes et les regards, les non-dits et les manières qui m’échappaient depuis toujours. » p. 133
Comme tous les livres dont on entend trop beaucoup parler, j’ai ouvert Petit pays avec une certaine appréhension. La première de couverture est magnifique, le sujet intéressant mais allais-je aimer moi aussi ? La première partie, qui expose l’enfance de Gabriel et la nostalgie du narrateur vis à vis de cette période m’a semblé un peu longue. J’ai lu ici où là que ce paradis perdu parlait à tout le monde mais cela n’a pas vraiment été le cas pour moi.
Par contre, j’ai été transportée par l’histoire à partir du moment où Gabriel commence à se rendre compte de la réalité qui l’entoure. Le texte est magnifiquement écrit. La narration est fluide, un souffle s’en dégage, incitant le lecteur à ne pas refermer le livre avant la fin. On sent Gabriel pris entre l’enfance et le monde adulte. Ses parents, et plus particulièrement son père, refusent de parler de politique à la maison ce qui ne l’aide pas à comprendre la situation. Sa rencontre avec une voisine lui permet de découvrir le monde des livres et de s’y réfugier. Comment rester insensible à cela ?
« – Vous avez-lu tous ces livres ? j’ai demandé
-Oui. Certains plusieurs fois, même. Ce sont les grands amours de ma vie. Ils me font rire, pleurer, douter, réfléchir. Ils me permettent de m’échapper. Ils m’ont changée, ont fait de moi une autre personne. » p. 168 – 169
Sans être un coup de cœur, Petit pays est un premier roman que j’ai apprécié. Je trouve cependant que tout le tapage qui est fait autour est un peu exagéré….
FAYE, Gaël, Petit pays, Grasset, 2016.
Pas lu, mais rien ne presse.
Il fait partie de la sélection des 68 premières fois et c’est pour cette raison que je l’ai lu. Sinon, j’aurais sans doute fait comme toi.
Pareil que Keisha:)
Même réponse qu’à Keisha alors 😉 !
J’espère bien le lire bientôt, il m’intrigue !
Oui, on en entend beaucoup parler !
Je me doutais que tout le bruit autour de ce premier roman était peut-être exagéré, tu sembles le confirmer.
C’est tout à fait ça ! Mais ça reste quand même un bon roman !
Moi je l’ai lu avant le battage, pas forcément plus enthousiaste que ça au départ… Et puis il m’a totalement transportée !!!
Au départ, je me suis demandée ce que les lecteurs trouvaient à ce roman. Puis, après, l’histoire devient plus intéressante, je suis d’accord.
Je le lirai, mais quand tout le tapage autour sera retombé. C’est toujours la même histoire avec les livres dont les medias nous rebattent les oreilles bien trop fort.
Le livre est aussi un produit commercial…
j’ai très envie de le lire, je le ferai. J’adore sa musique déjà…
J’ai écouté une fois et je n’ai pas vraiment accroché. Il faudra que j’essaie de nouveau quand même.
Un texte que j’aime. Et je suis ravie qu’on parle autant de lui…
C’est bien qu’on en parle mais là c’est un peu trop. Personnellement, ce genre de phénomène m’incite plutôt à ne pas lire le livre ou voir le film concerné.
Tu as finalement su dépasser ça en te lançant !
Oui parce qu’il est arrivé dans ma BAL avec les 68 premières fois. Sinon, je ne l’aurais pas lu tout de suite (ou pas du tout). Mais je ne regrette pas de l’avoir fait !
C’est ce qui compte au final ! 😉
C’est vrai que quand on lit un livre dont on a entendu beaucoup parler, on a une attente différente. Coup de coeur pour moi pour ce roman qui m’a emballée
Même la première partie ?