Suzanne ne pleut plus habiter seule. A 95 ans, elle vit désormais dans un EHPAD, Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes. Il lui faut supporter les repas insipides se terminant la plupart du temps par une compote, plus facile à manger qu’un fruit. Le personnel, pour la plupart de bonne volonté, est débordé. Pas le temps de changer l’eau des fleurs, peu d’échanges, beaucoup de solitude. Suzanne n’a le droit qu’à une douche par semaine et on la dispute comme une gamine quand elle ne lève pas la jambe assez vite pour qu’on lui mette ses bas de contention. Parfois, elle se sent humiliée. Ses filles, qui viennent la voir régulièrement, se sentent impuissantes.
Le récit s’attarde également sur la vie passée de Suzanne. Sa naissance en 1922, au Havre, son enfance, sa rencontre avec son mari, ses enfants. Issue d’un milieu bourgeois, elle n’a jamais manqué de rien mais a enduré de dures épreuves. La guerre, les deuils, la solitude… La vie ne l’a pas épargnée, comme beaucoup d’entre nous. C’est une femme dynamique qui aimait le tennis, les voyages, la lecture et qui gardait le sourire quoi qu’il arrive. Une battante en somme ! Forcément, le contraste avec la vie en EHPAD est grand…
L’histoire de Suzanne, c’est Frédéric Pommier, son petit-fils, journaliste à France Inter, qui nous la raconte à travers un récit poignant. Son affection, la tendresse qu’il éprouve pour elle, transpirent à chaque page. La vie de Suzanne nous renvoie à la nôtre, à celle de nos parents ou grands-parents devenus dépendants. Comment supporter de les voir ainsi ? Pourquoi ne s’occupe-t-on pas mieux d’eux ? Le ton, jamais larmoyant, se veut au contraire optimiste et émouvant. En même temps qu’il interroge la manière dont nous traitons nos aînés, Frédéric Pommier rend un bel hommage à sa grand-mère. Comme j’aimerais en faire autant…
POMMIER, Frédéric, Suzanne, Équateurs, 2018.
Ce recir m’a aussi beaucoup émue… Comme tu dis , on aimerait rendre le même hommage a nos grands-parents !
Savoir écrire n’est pas donné à tout le monde !
Tu dis ça pour le « récir »
Il a réussi à mettre beaucoup d’émotions et non à ecrire une suite d’événements, je me souviendrai de cette Suzanne
Non ! C’est juste qu’écrire un beau texte n’est pas donné à tout le monde.
Il manquait le petit 😉 à côté de ma remarque 😀
Je vais attendre car pour moi ce n’est pas le bon moment pour lire sur ce thème.
Je comprends…
J’ai entendu l’auteur parler de sa grand mère (il bosse à F Inter, avec de belles interventions aussi)
Oui, je l’écoute de temps en temps.
Un bel hommage, alors.
Et une réflexion intéressante aussi.
Je l’ai entendu dans une émission radio ! ça a l’air spécialement émouvant…
Oui, forcément. Et ça questionne également.
Comme toi, j’ai beaucoup aimé ce livre aussi lumineux qu’édifiant. Suzanne et Frédéric Pommier nous renvoient à nos histoires personnelles ainsi qu’à l’histoire de tellement de séniors. Très fort ce livre!
Oui, il questionne la manière dont nous prenons soin de nos aïeux et la fin de vie.
Ma mère a passé 6 mois en Epadh et j’ai pu me rendre compte du manque de moyens. Il a beaucoup à faire dans ce domaine. Cela devrait être une priorité.
La mienne y a travaillé toute sa carrière. Elle a lu ce livre et a reconnu que beaucoup de choses étaient malheureusement véridiques.
Voilà un sujet ben difficile et tellement d’actualité, je le retiens tout de même.
Il se lit facilement.
J’aime bien Frédéric Pommier sur France Inter. Je lirai son livre s’il croise ma route, malgré le côté assez désespérant du thème.
Je comprends…
Pas gai et c’est ce qui nous attend en plus ! Dans un autre style, je ne peux que te conseiller » les oubliés de dimanche » de Valérie Perrin, sorti en 2016. C’est en gros la même histoire…
Ma mère ayant travaillé pendant toute sa carrière en EHPAD, je n’ai pas spécialement envie d’en lire plus sur le sujet. J’avoue que sans le grand prix des lectrices de Elle, je ne serais sans doute pas allée vers ce récit.