Le titre, La vraie vie, et les premières phrases du roman mettent tout de suite le lecteur dans l’ambiance : A la maison, il y a quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres. Ces cadavres, ce sont les trophées de chasse du père, un viandard alcoolique qui tape sur sa femme et terrorise toute la maison. Dans cette fameuse chambre, on trouve des têtes de cerfs, de sanglier, de zèbres ou de gnous, la défense d’un éléphant, un lion aux crocs plantés dans le corps d’une gazelle et surtout, la hyène. L’animal se délecte de la peur des autres, du moins c’est ce que pense la narratrice, une petite fille de 10 ans qui espère retrouver dans le regard de son frère l’innocence perdue le jour de l’accident qui a changé leur vie.
Pour rendre supportable cette histoire atroce, le comique se mêle au tragique, à l’image de cet appareil à fabriquer la chantilly qui saute au visage du glacier. L’auteur, Adeline Dieudonné, joue également sur le registre du conte et introduit des éléments surnaturels. Ainsi un dragon, d’un coup de griffe, crée une vallée. Autre exemple, la petite fille est persuadée que si elle réussit à fabriquer une machine à remonter le temps, elle pourra revenir sur les évènements du passé et enlever la hyène de la tête de son frère. Elle met donc tout en œuvre pour réaliser ce projet surréaliste.
De toute façon, elle ne peut compter que sur elle-même, sur sa propre détermination, sur son intelligence. Sa mère, qu’elle qualifie d’amibe, subit les violences du père sans broncher. Et dans leur entourage, il n’y a personne. Pas de famille, pas d’amis. Alors, la petite fille, qui grandit au fil des pages et devient une adolescente, trouve refuge dans la science. Marie Curie est son modèle. Jamais elle ne se laisse aller, jamais elle ne baisse les bras. Ces passages sont aussi terribles que magnifiques.
La violence, qu’elle soit physique ou psychique, m’est difficilement supportable. Et encore plus quand ce sont les enfants qui en sont victimes. Ici, on se la prend en pleine face. Un vrai uppercut ! On s’attache à cette héroïne pour qui la fin de l’enfance est tragique, on a envie qu’elle réussisse à échapper à ce père toxique, qu’elle se sorte de ce monde sauvage, animal. Parce que c’est une belle personne. Parce qu’elle ne se bat pas pour elle mais pour son frère. Parce que son courage et sa détermination méritent vraiment d’être récompensés.
Un premier roman percutant, qui se démarque de la production éditoriale actuelle !
DIEUDONNE, Adeline, La vraie vie, L’iconoclaste, 2018.
je le lirai c’est sûr, mais pour l’instant les livres de la rentrée littéraire n’ont pas encore atteint ma bilbiothèque.
Tu sais, s’il n’y avait pas le Grand Prix des Lectrices de Elle, ce serait sans doute pareil pour moi.
Si je trouve ce livre à la bibliothèque, je le lirai, peut-être…
C’est le meilleur moyen pour ne pas prendre de risque !
J’ai tellement vu ce roman un peu partout qu’il me fait peur. Ton avis me laisse penser que je vais beaucoup l’aimer. J’attends de finir les lectures du jury de décembre pour m’y mettre.
Je traine sur ma dernière lecture (Rivière tremblante) et j’ai hâte de connaître les titres de la prochaine sélection.
Parmi les livres de la rentrée, il fait partie de ceux qui me tentent !
Cette année, il y a beaucoup moins de titres qui me tentent que les années précédentes.
Le livre dont tout le monde parle, mais je ne le lirai pas. Je ne supporte pas comme tu l’évoques aussi la violence physique et rien que ces animaux morts…bref !
Je peux comprendre. Et les animaux, c’est loin d’être le pire !
on m’a offert deux fois le livre! Cette violence me fait aussi peur, déjà qu’avec Helena, on était bien servi, j’ai l’impression qu’ici c’est pire…
Je crois que c’est complètement différent d’Helena, dont la lecture me fait également peur.
Je confirme, les deux romans n’ont presque rien en commun ! C’est celui-là qu’il faut lire !!! :))
Alors j’ai lu le bon !
Je pense que ça sera une de mes prochaines lectures !
Bonne lecture alors !