Une fois n’est pas coutume, c’est d’une pièce de théâtre que j’ai décidé de vous parler aujourd’hui. Une pièce que je n’ai pas vue mais que j’ai lue. Et quelle pièce !!! Le titre, Le bruit des os qui craquent, en dit déjà long…
Enlevée dans son village à l’âge de 10 ans, Elikia devient enfant soldat. Rambo, le chef des rebelles, lui met une kalachnikov entre les mains et la choisit comme épouse. Droguée, violée, torturée, Elikia tue pour ne pas se faire tuer. Tout cela est raconté à travers la parole-récit et le témoignage d’Angélina, l’infirmière de l’hôpital. Cette dernière contextualise la vie d’Elikia, tente d’expliquer, permet de prendre de la distance.
La parole directe, elle, se concentre sur le présent. Elikia a 13 ans. Cela fait trois ans qu’elle est aux mains des rebelles. Quand elle croise le regard de Joseph, 8 ans, dernier et plus jeune recru, elle décide de s’enfuir. Tous les deux se retrouvent dans la jungle, au bord de la rivière, la peur au ventre. Ils n’ont pas un grain de riz à manger, ils ne connaissent pas le chemin qui les conduira dans le village de Joseph. S’ils se font attraper, ils mourront. Le petit garçon n’a pas totalement perdu son innocence et Elikia n’est pas tendre avec lui. Pourtant, c’est lui qui lui a donné le courage de partir.
Victime, Elikia est aussi bourreau. La frontière entre l’un et l’autre n’est plus claire, l’éthique est remise en question. Est-on bourreau quand on tue pour continuer à vivre ? Comment vit-on avec un tel traumatisme ?
Peu importe dans quel pays se déroule cette histoire, peu importe à quelle époque, peu importe dans quel contexte. L’écriture laisse la place aux silences, aux émotions mais pas à la surenchère. Le bruit des os qui craquent a été réalisé pour dénoncer une réalité qu’on ne saurait taire, même aux jeunes lecteurs/spectateurs.
« si le fusil tue le corps de celui qui a peur, il tue aussi l’âme de celui qui le porte.«
Pour écouter cette pièce coup de poing :
A découvrir à partir de la fin du collège.
LEBEAU, Suzanne, Le bruit des os qui craquent, Éditions Théâtrales, 2008.
Quel titre ! et ce traitement me plaît, je le met en commande pour la médiathèque. Merci pour la découverte.
Oh, c’est génial !!! Je suis ravie !
Une belle question sur le bourreau. L’auteure apporte-t-il des réponses ?
Elle donne des éléments de réponse, oui. Après, c’est à chacun de réfléchir.
Puisque tu as mis le lien, je vais écouter mais je trouve le titre terrible ! Je ne sais pas si je vais supporter…
C’est un texte qui fait jaillir les émotions, c’est certain. On n’en ressort pas indemne.
Le titre est fort ! Il m’engage à lire le texte.
Il est terrible, il fait froid dans le dos…
C’est vrai qu’on parle peu de pièces de théâtre sur les blogs littéraires. Merci pour cette note. Bonne journée.
Marie. Blog BONHEUR DU JOUR
Lire le théâtre, ce n’est ni quelque chose de courant ni quelque chose de facile.
Il a de vraies pépites dans cette collection…! Je vais l’écouter…!
Je ne la connais malheureusement pas bien. Je crois qu’il va falloir que je me penche dessus.