Le narrateur vient de publier un livre que tout le monde s’arrache. A lui, les prix littéraires, les éloges et l’argent ! « Tous les jurés et tous les journalistes ont dû s’incliner. J’étais bien cette année-là, et pour un moment, tout infime inconnu que je fusse, le roi, l’unique, le boss, le grand Mamamouchi de la rentrée littéraire. » p.5
Et pourquoi ce livre a-t-il autant de succès ? Et bien tout simplement parce qu’il a des propriétés magiques : chaque lecteur y lit ce qu’il veut. Chaque version est unique. Les mots parlent et appartiennent au lecteur et à lui seul. « Auberge espagnole, il permettait la projection de tous les sentiments, toutes les croyances, tous les savoirs que le lecteur apportait avec lui. » p. 34-35. « L’effet dépend toujours de celui qui lit. Je crois que lelecteur apporte au moins 50% de ce qu’il y a dans le texte. » p. 29-30. Mieux encore, il n’y a pas besoin de traduire le livre pour les éditions étrangères. Il se traduit de lui-même en toutes les langues !
Comme dans Non Stop, Frédéric Mars fait preuve d’une imagination débordante avec ce court texte de moins de 60 pages. Cette fois-ci, il n’est plus question de bombes humaines mais d’un roman aux propriétés magiques. Le livre qui rend dingue permet à l’auteur, par le biais de la caricature, de pousser la critique du monde des médias et des prix littéraires à l’extrême.
Si je ne peux qu’adhérer aux propos, je trouve tout de même que l’auteur ne fait qu’exposer un phénomène que tout grand lecteur connaît bien -les critiques des journalistes qui rejoignent rarement l’avis des lecteurs, les prix littéraires qui sont accordés sur des critères autres que la seule qualité du roman, etc.- sans proposer une réflexion de fond. De même, l’idée selon laquelle le lecteur met beaucoup de lui dans la lecture qu’il fait d’un roman écrit par un autre n’est pas nouvelle. Et une fois qu’on a dit ça, qu’est-ce qu’on fait ?
Un extrait plein d’humour qui ne manquera pas d’intéresser tous les lecteurs-blogueurs :
« Je craignais moins les critiques des professionnels que celles des simples lecteurs, sur leur blog ou leur profil Facebook. Les premiers ne lisent pas les livres et ne se lisent que très peu entre eux ; sauf quand on leur a rapporté qu’ils étaient eux-mêmes cités ou mis en cause. Parmi les seconds, en revanche, on trouve parfois de véritables teignes. Des coupeurs de couilles de lombric en huit milles. Des gens qui mettent tant de hargne et de frustration à n’être « que » lecteurs qu’ils finissent par voir dans le texte ce que vous, l’auteur, n’avez jamais eu l’intention d’y mettre » p. 12-13
Bon et bien sur ce, j’espère que je ne suis pas une teigne et que n’ai pas « tant de hargne et de frustration à n’être « que » lecteurs » que j’ai vu dans le texte ce que Frédéric Mars n’a jamais eu l’intention d’y mettre 🙂 !
MARS, Frédéric, Le livre qui rend dingue, Storylab, 2012.
Téléchargé, il ne me reste plus qu’à le lire….
Hâte de lire ton avis !
Pourquoi pas? Ça a l’air divertissant… mais dommage que l’auteur n’aille pas gratter jusqu’à l’os.
On ne peut que noter !
Pas pour moi mais j’aime la citation. Joël Dicker utilise la même idée dans son dernier roman, mais ces analyses ne sont pas attribuées aux blogueurs (teigneux ou non).
il faut que je lise Non-Stop, qui est toujours dans ma PAL…
Oui pourquoi pas. Mais j’ai d’abord Non-Stop dans ma pal à lire avant
Avis intéressant…
@pglfontenelles, à propos de qui Dicker utilise-t-il cette idée ? Ma curiosité est éveillée
Moins intéressée que par ces autres livres…