Madel, journaliste, et Jan, chirurgien esthétique à Manille, attendent leurs invités sur l’une des îles des Philippines pour fêter l’anniversaire de ce dernier. Mais la table reste vide et finit par s’envoler au milieu des rafales de vent. Le typhon Yolanda et les vagues monstrueuses qu’il provoque dévastent tout sur son passage. Des milliers de personnes sont tuées. Jan fait partie des disparus, tout comme l’enfant qu’il avait confié à Madel et dont elle a lâché la main. Désormais seule, la jeune femme tente de mettre ses sentiments de côté pour accomplir son devoir de journaliste.
Si je prononce à haute voix le prénom de Jan alors je n’aurais plus le droit de jouer ce rôle de journaliste imperturbable que je me suis forgé. Je sais que ce n’est pas normal, que je devrais être en deuil, pleurer, hurler son nom la nuit. Il nous arrive à tous de remettre quelque chose au lendemain. p. 114
Nul voyeurisme dans ce premier roman, bien au contraire. Anaïs Llobet décrit avec brio le parcours de Madel, celui de David le médecin, de Jack le pompier et de tous ceux qui tentent de venir en aide aux victimes. Chacun tente de retrouver ses proches, de trouver à manger, de survivre au milieu des cadavres qui s’amoncèlent. L’auteur n’en fait jamais trop. Le propos est dur bien entendu mais comment faire autrement quand on aborde un tel sujet ?
Irène, accompagne Madel sur l’île, camera au poing. Reporter aguerrie, elle semble plus dure, va plus loin dans le sensationnel, dans l’innommable. La limite entre l’information et le malsain n’est pas la même pour tout le monde. La question du rôle des journaliste lors d’une telle catastrophe est alors évoquée. Celle des raisons qui font qu’on choisit un tel métier également.
Les mains lâchées est un beau roman. Je regrette cependant cette distance, ce peu de place laissé au ressenti, aux émotions. J’aurais aimé que Madel abandonne sa carapace de journaliste. Que la survivante, la femme, l’amie de Jan, prennent la parole. Que ses actes permettent de comprendre qui elle est réellement. Mais ce n’était pas l’objectif de l’auteur.
LLOBET, Anaïs, Les mains lâchées, Plon, 2016.
Tu as mis le doigt sur ce qui m’a perturbée pendant la lecture : cette « distance » par rapport aux événements qui place aussi le lecteur à distance.
J’en attendais peut être aussi beaucoup suite à la lecture de quelques chroniques très élogieuses.
Je préfère faire l’impasse
J’ai bien conscience que c’est un sujet difficile mais c’est tout de même un premier roman intéressant.
Il est aussi dans la sélection des matchs de la rentrée littéraire il me semble…
J’hésite à le découvrir.
C’est possible. Comme je l’avais déjà lu, je n’y ai pas trop prêté attention.
Sinon, il est assez vite lu alors donne lui une chance !
Il atterrira sûrement entre mes mains celui-là, je me demande comment je vais l’accueillir…
Certains ont beaucoup beaucoup aimé. Je te souhaite que ce soit le cas pour toi !
Pas sûre d’avoir envie de lire sur ce thème ….
Je comprends… Ce n’est pas très joyeux !