Dans le hameau des Feuges, en Isère, les habitants vivent loin de l’agitation urbaine. Ils font partie de ceux que l’on ne voit pas, de ceux dont on parle rarement, de ces oubliés des politiques et des médias. Y vivent des hommes et des femmes qui ont grandi ici, d’autres qui sont de passage, d’autres encore que l’on pourrait qualifier de néo-ruraux. Les pavillons côtoient les vieilles bâtisses en pierre dont certaines se détruisent faute d’entretien. Les Feuges, finalement, ce pourrait être n’importe quel hameau perdu dans la campagne française.
Sangliers propose le portrait, sur plusieurs années, de ces villageois. Sylvain a quitté la ville après le décès de sa femme pour offrir une vie plus sereine à sa fille. Néophyte, il apprend à cultiver son jardin, essuyant parfois quelques grosses déconvenues, et vit de la vente de sa production. Celui que l’on surnomme le Chef est de loin le personnage le plus sombre du roman. Il a la main leste et exerce une violence psychologique effroyable sur ses enfants. La scène de chasse pendant laquelle il vise le fils de sa femme avec le canon de son fusil restera longtemps dans ma mémoire tout comme son racisme primaire. Un sculpteur polonais, un militaire et sa femme, une vieille folle vivant dans la misère et la crasse, un enseignant sombrant dans la folie, un homme d’église qui perd la tête, un groupe d’hommes et de femmes qui militent pour une autre société, viennent compléter cette galerie de portrait foisonnante.
Les paysages et la nature tiennent également une grande place et offrent une véritable bouffée d’oxygène dans un roman qui développe une image très sombre des zones rurales oubliées. Et ce n’est pas le dénouement qui vient contredire le propos ! L’alcoolisme, le chômage, le racisme, la misère font des ravages. Même dans la jeunesse, l’espoir ne semble pas permis.
Sangliers est un roman sociétal qui pointe du doigt les dérives de notre monde. Si je ne partage pas entièrement la vision tragique de l’auteur, il est indéniable qu’il y a une part de vérité dans ce qu’écrit Aurélien Delsaux. On referme ce pavé de 553 pages avec l’envie de vivre en marge, loin de toute cette horreur, ou d’agir pour changer les choses !
DELSAUX, Aurélien, Sangliers, Albin Michel, 2017.
Et Lionel… le 12 mai…au Lycée Albert Camus…
Oui, je ne l’ai pas vu venir cet épisode là…. Il est terrible !
Cette tension, doucement distillée, qui termine en drame… c’est littérairement très fort !
https://ecriturbulente.com/2017/08/24/aurelien-delsaux-sangliers-2/
C’est le genre de roman qui pourrait tout-à-fait me plaire. Le monde rural peut être impitoyable ..
Là, tu peux difficilement faire pire…
Son premier roman est dans ma pal depuis sa sortie… Misère !
J’essaie de lui faire un sort à la mienne, de PAL, mais c’est une histoire sans fin.
Ah oui, un gros roman tout de même.
Je l’ai lu pendant les vacances, c’était plus simple 🙂 !
Encore un auteur que je ne connais pas, il faudrait !
Il y en a tellement qu’on ne connaît pas…
Pourquoi pas mais il ne sera pas dans mes priorités de la rentrée.
Ce n’est pas parce qu’un livre est paru depuis quelques temps qu’il est moins bon 😉 !
Voilà un livre qui m’a l’air intéressant !! J’ai tout de suite pensé au livre de M. Chirousse, qui porte presque le même titre !
Il pourrait bien me plaire celui-ci, je le retiens, le sujet m’intéresse.
C’est le genre de livre qui fait réfléchir…