
© Julien Ribot
Samedi, 16h. Le frigo est plein, la maison propre et le linge repassé. Les inévitables corvées du week-end sont enfin terminées. Thomas est parti avec Mathis au foot. Je décide de profiter de ce rare moment de solitude pour boire un thé et faire une pause. De la fenêtre de la cuisine, j’observe la campagne alentour. Le temps est gris, il fait froid, la végétation dort encore et il n’y a pas âme qui vive. Même les oiseaux sont aux abonnés absents. Pourtant, c’est beau et je me sens bien ici.
Le petit bip de mon téléphone portable m’indique un nouveau message et me sort de mes pensées. Non, je n’ai pas besoin de nouvelles chaussures, même à -30%. Poubelle ! Un petit tour sur Facebook par automatisme et je découvre que Steph est en week-end à Strasbourg. Julie, comme d’habitude, s’extasie sur les prouesses artistiques de sa petite dernière. Nina, elle, a pris un café en terrasse. Avec un homme sans doute car sur la photo, on aperçoit un avant-bras poilu. C’est certainement son nouveau mec…
Et moi, qu’est-ce que je pourrais montrer ? Ma tasse de thé et mon sachet Lipton ? Les crampons maculés de boue de mon fils quand il va rentrer ? L’arbre triste que j’observais tout à l’heure ?
Je préfère regarder les autres s’agiter en silence. Parfois, je clique sur j’aime pour marquer mon intérêt. Je commente le plus souvent dans ma tête et, je dois bien l’avouer, je me sens un peu voyeuse quand je traque une information nouvelle sur la vie privée d’un des mes contacts. Mais ça, je ne l’avouerai à personne.
Je ne sais pas me mettre en scène. Ou plutôt, non, je refuse de le faire. J’ai eu un parfum Chanel pour mon anniversaire et hier soir, nous avons dégusté un délicieux plateau de fruit de mer au restaurant. Il aurait suffit que je sorte mon iphone et en quelques secondes, le tour était joué. Avec un bon filtre et un petit recadrage, même pas besoin de faire trop attention à la lumière ou à la bouteille d’eau qui gâche l’arrière plan.
Mais la réalité de ma vie, ce n’est pas cela. Et le miroir aux alouettes, je préfère le regarder de loin plutôt que de le faire briller.
C’était ma participation à l’atelier d’écriture de Leiloona.