Mathilde Blanc est la cadette d’une famille de trois enfants. A sa naissance, son père espérait un garçon pour remplacer celui qui est mort cinq années auparavant. Annie, l’aînée, est celle qui a tous les droits, et notamment celui de danser avec le père les soirs de bal au café familial de La Roche-Guyon. Jacques est encore un bébé. Au milieu, Mathilde essaie d’exister aux yeux de son père. Elle rêve de danser avec lui, elle aussi.
Nous sommes au milieu des années 1950. C’est l’époque des Trente Glorieuses, de la sécurité sociale et des antibiotiques. La famille Blanc vit des jours heureux à une cinquantaine de kilomètres de Paris, dans un joli village situé au bord des boucles de la Seine. Paulot, le père de Mathilde, est une personnalité. Le café est un lieu de vie, l’endroit où tout le monde se réunit.
Le jour où il est diagnostiqué tuberculeux, le bonheur vole en éclat. Il n’y a pas de sécurité sociale pour les commerçants. Les soins ruinent la famille. Paulot est envoyé au sanatorium d’Aincourt où Odile, sa femme, le rejoindra plus tard. Annie, l’aînée, a déjà pris son envol. Mais Mathilde et Jacques sont encore jeunes. Ils sont envoyés chacun de leur côté dans une famille d’accueil.
Mathilde ne peut pas supporter cela. En pleine adolescence, alors qu’elle devrait vivre dans l’insouciance, elle lutte pour maintenir la cellule familiale, pour que la lumière revienne dans les yeux de son frère, pour rester digne et libre. Elle connaît la faim, la misère, la honte, l’épuisement.
Laissez-vous faire dit la directrice. La vie est dure avec vous, vous n’y êtes pour rien, avec moi elle est douce et je n’y suis pour rien non plus. La seule chose possible est de confier la malchance à la chance, compter sur la contagion vertueuse, vous comprenez ? p. 151
Un paquebot dans les arbres est un roman qui se dévore. Même si, il faut bien l’avouer, je n’ai pas ressenti le coup de poing de Kinderzimmer, j’ai eu la larme à l’œil à plusieurs reprises en voyant la vie heurter de plein fouet cette jeune femme en devenir. Quelle combativité ! Quelle rage de vivre ! Quelle force ! Mathilde est un vrai roc.
Outre la personnalité de l’héroïne, l’intérêt de ce roman réside dans la façon dont l’auteur traite de ceux qui sont en marge de la société des Trente Glorieuses. En pleine période d’expansion, il y a des gens qui souffrent, des gens que l’histoire oublie pour ne retenir que les aspects positifs de cette époque qui est décrite ici avec talent. En écrivant ce livre, Valentine Goby rétablit leur présent. Sans ce travail, il serait disparu à jamais.
GOBY, Valentine, Un paquebot dans les arbres, Actes Sud, 2016.
C’est exactement cela ! Les trente glorieuses ne l’ont pas été pour tout le monde, loin de là et Mathilde en est un exemple criant.
J’ai lu quelques livres de Valentine Goby en jeunesse qui traitent de l’immigration ou de ceux qui sont en marge de la société. C’est une thématique qui semble lui tenir à cœur car elle l’aborde sous différents angles.
Trop déçue d’être passée à côté, j’attendrai le suivant….
Oui, ça m’arrive aussi de passer à côté de certains livres et d’éprouver ça.
Je copie sur Aifelle.
Trop facile 🙂 !!!
J’en attendais sans doute trop.
J’appréhendais un peu cette lecture car j’avais lu beaucoup de louanges. Finalement, je me joins au cortège de ceux qui ont aimé. Ouf !
Impossible de le comparer à Kinderzimmer mais impossible de nier le talent de Valentine Goby qui est quand même (pour moi du moins) une auteure à part dans le paysage littéraire français actuel.
Oui, il y a quelques auteurs comme ça qui ne me déçoivent jamais ou presque. Et celle-ci en fait partie.
Je vais finir par me laisser tenter.
Oui, il faut !!!!!!!!!!!!!!
Non, pas un coup de poing comme pour Kinderzimmer, mais un beau coup de coeur quand même
Oui, on est d’accord !
Et dire que je n’ai encore jamais lu Goby.
Même pas en jeunesse ? Je te conseille « une preuve d’amour », à proposer à tes trolls.
Même pas ! Mais je note la proposition trollesque. Merci !
Il est sur ma PAL depuis la rentrée (parmi d’autres)… bon et bien y’a plus ka
Valentine Goby est devenue une de mes auteures incontournables… <3
Oui, je sais que tu es une grande fan !
Je l’ai trouvé très forte moi aussi cette Mathilde, une vraie rage de vivre et de vivre bien…. Mais je ne l’ai pas encore fini, il me reste un peu plus d’une centaines de pages… c’est la première fois que je lisais Valentine Goby et je dois dire que je suis vraiment agréablement surprise par son style que j’adore !! Je rajoute ton billet avec les autres tentateurs, bises
Si tu ne connais pas l’auteur, je te conseille Kinderzimmer. Un vrai coup de poing !
Finalement, ce roman est un travail de mémoire. Ce n’est pas ainsi que je l’avais ressenti en le lisant mais plus je lis de chroniques dessus et plus je me dis que c’est ce qui ressort dans les lectures.
Je crois que Valentine Goby a vraiment voulu écrire un roman sur les oubliés des Trente glorieuses. Mais on peut aussi le lire en étant plus sensible au combat de cette jeune femme face à l’injustice de la vie.
J’ai toujours Kinderzimmer sur ma PAL; je verrais ensuite car pour l’instant le sujet me paraît difficile et ce n’est pas ce que j’ai envie en ce moment.
Kinderzimmer est un livre qui secoue. Il m’a marquée, et pour longtemps !